Projets - 26 septembre 2025

En Syrie, l’éducation en exil

Dans les camps de déplacé·es de Mahmoudli et d’Areesha, situés dans le nord-est de la Syrie, l’accès à l’éducation est un défi majeur pour les enfants et adolescent·es ayant fui les violences. Depuis plus d’une décennie, la guerre a dévasté le pays, détruisant écoles et infrastructures, compromettant ainsi l’avenir d’une génération entière en la privant de stabilité et d’apprentissage. Face à cette urgence, Bibliothèques Sans Frontières et le Norwegian Refugee Council travaillent de concert pour préserver leur accès à l’éducation.

L’éducation, une urgence humanitaire

Déclenché en 2011 dans le sillage du Printemps arabe, violemment réprimé par le régime de Bachar Al-Assad, le conflit syrien a profondément bouleversé le système éducatif du pays. Des milliers d’écoles ont été détruites ou transformées en abris de fortune, et l’accès à l’enseignement reste limité dans de nombreuses régions. Selon l’UNICEF, plus de 2,4 millions d’enfants syriens sont encore aujourd’hui privés d’école, tandis que 1,6 million sont en situation d’échec scolaire ou menacés de déscolarisation. Malgré la fin du conflit et la chute du régime, les besoins éducatifs restent pressants, notamment avec le retour progressif des réfugié·es depuis les pays limitrophes Jordanie, Liban, Turquie et celui des déplacé·es internes qui tentent de regagner leurs villes et villages.

Dans les camps de Mahmoudli et d’Areesha, où vivent des milliers de familles déplacées, l’éducation demeure un défi quotidien. Une école est présente, mais elle ne suffit pas à répondre aux besoins de tous les élèves, faute de matériel pédagogique. Pour pallier ces lacunes, BSF et le NRC interviennent dans six centres éducatifs des deux camps en déployant 48 Ideas Cube, de petits serveurs informatiques transformés en bibliothèques numériques.

Même sans connexion Internet, ces dispositifs, permettent aux enseignant·es et à leurs élèves d’accéder à des milliers de ressources : manuels scolaires, livres numériques, vidéos éducatives et exercices interactifs.

« Dans les camps de déplacés syriens, assurer la continuité de l’enseignement et offrir aux enfants et aux jeunes la possibilité de retourner un jour à l’école publique est une priorité. L’Ideas Cube permet aux enseignants de présenter des sujets complexes, comme les mathématiques ou les sciences, de manière claire et visuelle, tout en éveillant la curiosité des élèves, qui se sentent ainsi plus motivés à apprendre et découvrir de nouvelles choses. » Julie Pinochet, coordinatrice des projets de BSF au Moyen-Orient. 

Grâce à ces contenus, les jeunes peuvent non seulement poursuivre leur scolarité, mais aussi enrichir leurs connaissances dans des domaines variés tels que les langues, les sciences ou encore le numérique. Une opportunité précieuse pour ces jeunes, dont l’accès à l’éducation a été brutalement interrompu par la guerre.

Un accompagnement éducatif et psychosocial

Au-delà des camps de déplacé·es, l’action de BSF s’étend également à Raqqa, ancienne capitale de l’État islamique, où les besoins en protection, soutien psychosocial et éducation informelle restent considérables, malgré le départ de l’organisation terroriste. Avec les associations partenaires Un Ponte Per et DOZ, l’Ideas Cube est utilisé en complément d’une bibliothèque physique dans un centre jeunesse et un centre dédié aux femmes et aux filles.

Les jeunes bénéficient d’ateliers leur permettant d’améliorer leurs compétences en mathématiques, en sciences et en arabe tout en favorisant leur intégration sociale. Pour les femmes et les filles, les sessions se concentrent sur le soutien psychosocial, la cohésion, le bien-être, la protection, l’accès à l’information sur les violences basées sur le genre, la santé maternelle et infantile, ainsi que l’empowerment. 

« Il est essentiel de pouvoir accéder à des livres dans une ville détruite. Grâce au projet, les enfants ont désormais un espace sécurisé pour lire, jouer et apprendre ensemble. Nous avons également pu étendre nos activités en dehors des centres, en travaillant avec la dernière vague de déplacé·es internes à Raqqa et en utilisant tablettes, livres et vidéos dans les hébergements d’urgence collectifs. Cela offre aux enfants et aux femmes un moment de répit, leur permettant d’échapper à la réalité pendant quelques heures. » F.I., responsable des projets “Protection et Éducation” Un Ponte Per. 

Soutenu financièrement par le Centre de Crise et de Soutien du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères français, ce projet entend apporter une réponse durable aux défis éducatifs posés par la « crise syrienne ».

4 532

Nombre de bénéficiaires du projetdont 52% de filles et de femmes

93

Nombre de personnes formées

946

Nombres de contenus sélectionnés (livres, jeux, vidéos, etc.)

En 2025, aux côtés de ses partenaires locaux, BSF continuera de soutenir le retour des déplacé·es internes et des réfugié·es en créant des passerelles vers l’éducation formelle. Alors que 40% des écoles sont détruites ou endommagées dans le pays, nous interviendrons dans les établissements publics pour améliorer la qualité de l’enseignement en mettant à disposition des ressources éducatives adaptées et en formant les enseignant·es. 

Pour la reconstruction de la bibliothèque de Daraya

Parallèlement, BSF soutient également la reconstruction culturelle de la Syrie en contribuant à la restauration de la bibliothèque de Daraya, un symbole de résistance qui fut un refuge sous les bombes.

Dans son livre Les passeurs de livres de Daraya, Delphine Minoui raconte l’incroyable histoire de cette bibliothèque clandestine dans une ville assiégée par le régime de Bachar el-Assad. Pendant quatre ans, des habitants ont risqué leur vie pour collecter, préserver et partager des livres, transformant leur bibliothèque en un véritable espace d’espoir et de résilience.

Aujourd’hui, une nouvelle page s’ouvre pour Daraya : BSF, La Guilde et INARA s’associent pour reconstruire la bibliothèque, un projet marrainé par Delphine Minoui et porté par les jeunes de la ville – que vous pouvez, vous aussi, soutenir ici.

Parce que l’accès à la culture et la lecture sont essentiels pour se reconstruire après la guerre, ce projet vise à redonner espoir et à offrir aux nouvelles générations les clés pour bâtir leur avenir.

Photos : Reyam Osama Al-Kasem, Child Friendly Space de Raqqa.

Alors que la Syrie continue de faire face à des défis humanitaires immenses depuis la chute du régime de de Bachar al-Assad, la mise en place de solutions éducatives innovantes est la meilleure chance pour des milliers d’enfants et de jeunes adultes de se relever.

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