À l’approche des élections municipales, Patrick Weil, président-fondateur de Bibliothèques Sans Frontières, appelle à faire de la lecture un projet politique local prioritaire.
En mars prochain, les Français éliront leurs nouveaux maires. Les municipalités touchent au cœur de la vie quotidienne : l’école, le logement, l’eau et l’environnement, le petit et le grand commerce, le lien social, la sécurité ou le sport. Mais un autre sujet, profondément structurant, devrait s’inviter dans les priorités de tous les programmes des candidats : celui de la lecture.
Car lire n’est pas un loisir parmi d’autres. La lecture conditionne la réussite scolaire, l’accès à l’emploi, elle agit comme un formidable levier de réduction des inégalités. Elle favorise, en outre, le développement de l’esprit critique, de l’imaginaire, de la capacité à comprendre le monde, à rencontrer l’autre. Enfin la lecture et les lieux de lecture partagée apaisent les individus et les sociétés.
Pourtant, l’accès au livre en France demeure profondément inégal. Près d’un ouvrier sur deux ne lit jamais. Un quart des familles possèdent moins de cinq livres à la maison. Dans certains quartiers, dans certaines campagnes, l’objet livre est devenu rare, presque étrange, voire étranger.
Cette réalité n’est pas une fatalité. Partout où les collectivités ont fait de la lecture une priorité – en renforçant les bibliothèques, en allant vers les habitants, en impliquant écoles, associations, commerçants, familles – les résultats sont tangibles : les enfants réussissent mieux, les liens entre générations se recréent, les espaces publics sont plus apaisés. La lecture n’est pas seulement une question d’offre culturelle : c’est une politique de citoyenneté.

