Photo d'Yvan, chargé de mission à BSF
Médias - 31 janvier 2018

Yvan Clairet, retour à la case ‘passion’

PORTRAIT. À soixante ans, Yvan Clairet n’avait aucune expérience professionnelle dans le monde associatif. Pourtant en décembre dernier, il rejoint l’équipe de Bibliothèques Sans Frontières comme chargé de mission dans le cadre d’un mécénat de compétences, un dispositif permettant à une entreprise – BNP Paribas pour Yvan – de mettre à disposition d’une association certains de ses collaborateurs sur la base du volontariat.

De la médiation bancaire …

« À ma connaissance, il existe deux types de mécénats de compétences : le mécénat de compétences de milieu de carrière, et le mécénat de compétences de fin de carrière. Dans un cas comme dans l’autre, le collaborateur concerné consacre son temps de travail aux tâches que lui confie l’association, tout en restant salarié de son entreprise d’origine. C’est là le principe de la mise à disposition. »

Pour être éligible au mécénat de compétences de fin de carrière, deux critères : pouvoir prétendre à une retraite à taux plein à horizon de deux ans maximum, d’une part, et d’autre part, l’association doit être reconnue d’utilité publique.

« L’intérêt pour BNP Paribas est double. Tout d’abord, il marque son engagement en termes de Responsabilité Sociale et Environnementale (RSE). C’est aujourd’hui un enjeu capital pour tous les grands groupes industriels. Ensuite, car il n’y a pas de petites économies même pour une banque, pour le salaire de son collaborateur mis à disposition, l’entreprise bénéficie d’avantages fiscaux comparables à ceux du don. »

Depuis plus de 30 ans, Yvan exerça différents postes au sein du groupe bancaire international, principalement autour du métier assurance. En avril 2015, il devient notamment Responsable Relations Clients, et fait de la médiation bancaire en prenant en charge les réclamations des clients. Avant de rencontrer Bibliothèques Sans Frontières.

« Comme Dante croisant Béatrice, je suis tombé fou amoureux de BSF quand je l’ai rencontrée… sur internet ! D’accord, je n’ai pas le talent de Dante, mais BSF m’est apparue très vite comme une évidence. Lorsque j’ai commencé à parcourir le site, à lire le rapport d’activités, à me projeter dans son organisation, je savais que cette association me correspondait. J’ai ressenti une immense envie d’en faire partie, à tout prix. J’en parlais à mes collègues, à ma famille : tous m’ont conseillé de foncer ! Et puis, un mot magique a balayé toutes les objections. »

Ce mot, c’est « Colombie » !

« Ma vie personnelle est très liée à ce pays. Ma femme – que j’ai rencontrée à Londres – est colombienne. Nous avons vécu à Bogotá de 1983 à 1986 où mon fils est né, en 1985. Parler de la Colombie, c’est comme parler d’un pays que je considère comme ma deuxième patrie. Quand j’ai vu que BSF y développait des partenariats, j’ai craqué. »

… à la médiation culturelle

À Bibliothèques Sans Frontières, Yvan se dédouble chaque semaine. Pendant deux jours au sein de l’équipe des Ressources Humaines, il contribue à la réflexion de la Direction sur les instances de représentation du personnel de BSF.

« Pour faire simple, en octobre 2015, les salariés de l’association ont élu des délégués du personnel, conformément à la photographie des effectifs à ce moment-là. Or, en 2017, BSF a franchi, et très certainement de manière irrévocable, le seuil des 50 salariés, conduisant l’association à mettre en place un comité d’entreprise, dans un délai de douze mois. Or il se trouve qu’une nouvelle ordonnance et un nouveau décret, publiés respectivement en septembre 2017 et janvier 2018, modifient le code du travail en instaurant une nouvelle instance baptisée ‘Conseil Social et Économique’ (CSE), qui fusionne le comité d’entreprise, le Comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT) et les délégués du personnel. La question se pose donc de savoir si BSF ne devrait pas plutôt envisager l’installation d’un CSE, ce qui ne va pas sans soulever un certain nombre de difficultés, notamment financières. »

Les trois autres jours de la semaine, il rejoint alors l’équipe Education, formation et contenus pour une toute autre mission.

« J’ai commencé par regarder les contenus du partenariat Nicarali, sur lesquels personne n’avait jamais eu le temps de se pencher vraiment, et j’en ai effectué une sélection. Ce qui pourrait nous servir pour d’autres projets en Amérique Latine, notamment en Colombie. »

Première expérience professionnelle dans le monde associatif donc, mais loin d’en être indifférent par ailleurs. Même si son master en lettres et civilisation hispanique le destinait à être professeur – métier qu’il n’a en définitive jamais exercé en France – Yvan a toujours gardé une forte préoccupation pour la transmission des savoirs et l’accès à la culture.

« J’ai toujours pensé que le déroulement d’une carrière, aussi intéressant qu’il puisse être, ne suffit pas. C’est pourquoi, j’ai rapidement pris des mandats de représentation du personnel au sein de mon entreprise. Élu au comité d’entreprise, j’ai découvert combien la gestion des activités sociales et culturelles pouvait être une chance de s’ouvrir au monde pour nombre de salariés, que ce soit pour eux-mêmes ou pour leurs enfants. L’association d’entraide, à laquelle était rattaché un certain nombre de filiales du groupe BNP Paribas, mutualisait des ressources importantes et rendait la culture, les voyages, l’épanouissement personnel au travers une activité sociale ou sportive, accessibles à tous. Vice-président puis trésorier de l’association, j’ai aussi pu mesurer combien ces budgets pouvaient être périodiquement remis en cause au gré des construction/déconstruction des grands groupes industriels. Or pour beaucoup de salariés, ce n’est pas seulement une question de statut, c’est aussi une question vitale. »

Au terme de sa vie professionnelle et seulement deux mois après son arrivée, Yvan considère déjà son mécénat de compétences à Bibliothèques Sans Frontières comme « la meilleure chose qui [lui] soit arrivée dans [sa] vie professionnelle. » Mais également comme un tremplin.

« BSF, c’est comme un volcan en perpétuelle éruption. C’est un véritable choc culturel pour moi qui suis façonné par plus de trente ans de carrière dans une même entreprise. Mais j’étais prêt à cette remise en cause radicale de mon identité industrielle. Je suis venu ici avec une grande humilité, l’envie d’apprendre, de contribuer, d’apporter ma pierre à l’édifice. Je suis passionné par ce que je fais, je me lève le matin avec une incroyable énergie, la nuit je rêve de ce que je pourrais encore faire. Et le soir, j’oublie presque de rentrer chez moi. BSF est sans doute à un tournant de son histoire qui la conduit à s’interroger sur son organisation compte tenu de la dimension même qu’elle a acquise au fil de ses dix premières années d’existence. Pour moi, le changement est une valeur sûre à condition qu’on ne s’y égare pas. J’espère sincèrement que le travail effectué ici me permettra d’envisager encore l’avenir au bout de ces deux ans, et de continuer à accompagner l’association, tant dans les transformations qu’elle met en œuvre que dans les beaux projets qu’elle porte ».

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