3+1 = Khan !

« Avec Khan Academy, les élèves restent travailler pendant la récréation ! » Non, nous ne l’aurions pas cru non plus si nous n’étions pas présents ce lundi matin en classe de mathématiques, avec les élèves de 5e et de 4e du collège Antoine de Saint-Exupéry, dont le professeur utilise depuis le début de l’année la plateforme d’apprentissage traduite par Bibliothèques Sans Frontières. Rencontre avec Jean-François Berne.

Bonjour,
Je cherche à contacter les personnes chargées de l’adaptation française de Khan Academy pour leur faire part des très bons résultats obtenus dans ma classe de quatrième où nous travaillons avec quotidiennement. Pourriez-vous me transmettre le mail des personnes qui seraient susceptibles d’être intéressées par le partage de ces résultats ? Bien à vous,

Email reçu le 12 février de Jean-François Berne, Professeur de Mathématiques & Sciences

Voilà comment, quelques emails et semaines plus tard, nous nous sommes retrouvés en cours de mathématiques, dans les classes de 5e et de 4e du collège Antoine de Saint-Exupéry, à Asnières ce matin de mai.

« Je connaissais déjà Khan Academy, avant que les vidéos ne soient traduites en français. J’avais appris de quelques rapports d’impact que 90% des professeurs ayant expérimenté la plateforme d’apprentissage voulaient poursuivre l’expérience. Convaincu, j’ai donc voulu tester avec mes élèves. Voilà quatre mois qu’on l’utilise régulièrement en classe, après un chapitre test concluant sur les probabilités. » explique Jean-François.

Depuis 2013, 4 000 leçons vidéo ont été adaptées en français par Bibliothèques Sans Frontières : des cours de mathématiques, de sciences et d’informatique, de l’école primaire à l’université. Loin de remplacer les professeurs, Khan Academy s’affirme progressivement comme un outil puissant, mettant le numérique au service de l’éducation : ils sont aujourd’hui 4 millions d’utilisateurs francophones. Avec ses milliers d’exercices permettant aux élèves de s’entrainer, elle donne aussi aux enseignants et aux parents la possibilité de suivre en continu le progrès des enfants.

« Depuis le début de l’année, nous travaillons par objectif : je veux que les élèves maitrisent des procédures. Khan Academy fonctionne de la même manière, c’est un savoir procédural : je répète l’exercice type jusqu’à le maitriser. Chaque élève suit un plan de travail que j’ai réalisé, leur permettant de travailler en toute autonomie et à leur rythme. »

Au programme de la matinée : exercices de proportionnalité et nombres décimaux. Dans les classes, une quinzaine d’élèves par niveau, concentrés. Parfois, l’un d’eux se lève pour aider un camarade. Toujours dans le calme.

« Le fait d’avoir un ordinateur en classe ne me distrait pas, au contraire. Faire des exercices sur Khan Academy est beaucoup plus amusant, c’est une autre manière d’apprendre. Si je n’arrive pas à trouver la réponse, je peux demander à mes voisins ou avoir des indices sous l’exercice. Quand j’ai bon, c’est vert, quand j’ai faux, c’est gris. Mais l’important, c’est que je comprenne à la fin. Parfois je refais un exercice pour être certaine de l’avoir compris. Nous utilisons aussi le manuel scolaire, c’est toujours complémentaire. » raconte Sofia, élève de 4e.

“Avec le fonctionnement par autonomie,
j’ai plus de valeur ajoutée en tant que professeur.”

« Depuis l’utilisation de Khan Academy, je me sens beaucoup plus utile qu’en cours magistral. C’est une satisfaction personnelle, je suis très content du résultat. Tout le monde est plus performant. Avec le fonctionnement par autonomie, j’ai plus de valeur ajoutée en tant que professeur. Libéré de toutes les parties magistrales, je ne fais donc que du cours particulier et de l’accompagnement.

Toutefois, je pense qu’il est très difficile pour un professeur qui fonctionne en format classique de passer à Khan Academy, sans au moins être formé ou accompagné. C’est un changement de paradigme complet. De mon côté, je teste des choses depuis deux ans, je me trompe aussi parfois. Passer d’une note sur 20 à un fonctionnement par objectif ne s’est pas fait facilement. Je travaille encore beaucoup en amont, mais les résultats sont là. »

Les résultats, justement ? Selon Jean-François, le changement de comportements dans les classes est « indéniable ».

« Nous atteignons des niveaux de concentration impressionnants, notamment avec les 6e. Comme il n’y a plus de cours magistraux, personne ne rêve. En classe, on n’entend pas un bruit, mis à part quelques élèves qui chuchotent pour s’entraider. Les 4e restent aussi régulièrement travailler pendant la récréation pour terminer ce qu’ils ont commencé.

Chacun avance à son rythme, en toute autonomie. Ceux qui sont faibles en maths prennent le temps dont ils ont besoin pour comprendre les notions de base. Les élèves les plus doués et avancés ne s’ennuient plus en cours, ils dégagent du temps pour explorer d’autres sujets. L’une de mes élèves a par exemple terminé le cours sur la proportionnalité en seulement trois heures et passé les sept heures suivantes à découvrir la programmation.

L’apprentissage est complètement individualisé. Grâce à leur autonomie, je dégage 30 à 40 minutes par cours pour réexpliquer individuellement des notions. Ces petits cours particuliers sont extrêmement précieux pour les plus en difficulté.

J’estime que l’on fait des gains de productivité de 20 à 40% ! Avec les ordinateurs, les élèves font en 10 heures la même quantité de progrès qu’en 12 à 14 heures auparavant. Au vu des résultats préliminaires, j’estime que l’utilisation de Khan Academy fera gagner un à trois points de moyenne par contrôle, avec le même niveau de difficulté. »