
En 2014, Bibliothèques Sans Frontières inaugurait en février ses premières Ideas Box au Burundi, en partenariat avec l’UNHCR et IRC, dans les trois camps de réfugiés congolais de Bwagiriza, Musasa et Kavumu. La première à avoir été installée se trouve toujours dans le camp de Musasa, à une vingtaine de kilomètres de la frontière rwandaise. Six ans plus tard, à quoi ressemble-t-elle ? Une bibliothèque pour apprendre, créer et jouer. Un lieu de savoir, de refuge et de rencontres pour oublier les traumatismes vécus.
Retour sur cette inauguration avec Benjamin Gausset, coordinateur régional en Afrique des Grands Lacs, et sur les projets à venir.
Le Burundi compte aujourd’hui près de 80 000 réfugiés, dont la grande majorité est congolaise. Dans le camp de Musasa, dans la province de NGozi, 8 500 d’entre eux sont installés dans des habitations de fortune, dont 5 000 enfants et adolescents. Il y a six ans, en février, l’Ideas Box arrivait en camion, tel un marchand de glace ambulant après qui l’on courrait l’été.
« Je me souviens très bien du regard émerveillé des jeunes enfants, des hommes et des femmes à l’arrivée de l’Ideas Box dans le camp. Il y avait près de cent-cinquante personnes, tous curieux et ébahis devant ces boîtes colorées. Certains chantaient même : c’était un événement incroyable pour eux, comme une bénédiction ! » explique Benjamin.
Les jeunes se précipitaient alors pour pouvoir être associés au projet et travailler en tant qu’animateur ou médiateur. Certains étaient informaticiens, d’autres bibliothécaires ou médiateurs culturels. La sélection des profils s’est faite en fonction de nos besoins et des compétences de chacun, tout en respectant la parité et la juste représentation des communautés présentes à Musasa.
Très vite, l’Ideas Box a rencontré un immense succès. Réfugiés du camp, partenaires et même Burundais s’y pressaient chaque jour.
« Pendant les formations et les premières activités, tous étaient volontaires, investis et curieux. C’est la seule chose qui m’importait. Que les personnes soient heureuses et puissent trouver des livres et des jeux qui les intéressaient. Quand ils ne seraient pas à l’école, les enfants allaient enfin pouvoir continuer à apprendre et rêver d’un avenir meilleur. Leurs mères seraient alors moins inquiètes d’aller travailler, les sachant occupés à fréquenter la seule bibliothèque du camp. »