S’informer, se reconstruire, s’intégrer

En Île-de-France, Bibliothèques Sans Frontières collabore depuis cinq ans avec l’association Aurore pour encourager l’intégration des réfugiés. Dans plusieurs centres d’hébergement d’urgence, nous animons chaque semaine des activités au sein de nos Ideas Box pour faciliter leur apprentissage de la langue française et renforcer leurs connaissances en termes d’accès aux droits, au logement et à l’emploi.

Augustin Trapenard a visité l’un d’entre eux, le centre d’accueil et d’insertion des réfugiés (CAIR) Poniatowski à Paris, où les résidents se retrouvent régulièrement dans la médiathèque en kit pour lire, jouer et s’évader le temps d’une soirée.

Depuis janvier dernier, BSF déploie une médiathèque Ideas Box dans le CAIR Poniatowski d’Aurore, dans le 12ème arrondissement parisien. Dispositif expérimental ouvert en 2019, ce centre accueille 200 hommes isolés bénéficiaires de la protection internationale (réfugiés et protection subsidiaire) et sans solution d’hébergement.

“Certains résidents sortent à peine de la rue. Quelques-uns ont un travail, souvent précaire, dans le milieu de la restauration ou dans le bâtiment. Au CAIR, nous leur proposons pendant six mois renouvelables un accompagnement personnalisé vers l’accès au logement et à l’emploi. Pour cela, nous organisons par exemple des sessions d’information pour faciliter la rencontre entre les hébergés et les acteurs de l’insertion professionnelle comme les entreprises, les chantiers d’insertion et les agences d’intérim.

Chaque semaine, ils suivent également des cours de français, de théâtre parfois, pour faciliter l’échange, encourager l’expression et l’estime de soi.” Perrine Leclerc, directrice du CAIR.

C’est dans la continuité de ces actions qu’est déployée chaque semaine l’Ideas Box, médiathèque en kit dessinée par Philippe Starck pour BSF. Au milieu des casiers des résidents et des fresques peintes sur les murs, une vingtaine d’hébergés s’y retrouvent les mercredis et les vendredis soirs. Ils ont alors accès à des ordinateurs, des jeux de société, des tablettes, une télévision, des cahiers d’exercice pour apprendre le français et des livres sur le patrimoine, sélectionnés par nos équipes pour correspondre au mieux à leurs envies et leurs besoins.

Au programme des ateliers animés par Jeanne et Bruno, médiateurs de BSF : traduction de textes de rap, initiation à la guitare, débats, Pictionary, quizz des départements, etc.

“L’Ideas Box est surtout un lieu de rencontres. Plutôt que de rester dans leur chambre, les hébergés s’y retrouvent pour jouer et discuter. Tout se fait très naturellement. Des amitiés se sont créées, notamment entre des personnes de nationalités différentes, qui ne se seraient pas forcément rencontrées.” Bruno Morin.

“Les premières fois peuvent être timides, puis ils reviennent, se retrouvent. Je pense notamment à Sherzad et Siddig, un Afghan et un Soudanais qui sont devenus amis alors qu’ils ne se connaissaient pas du tout avant de venir dans la bibliothèque.

L’élément déclencheur est très souvent le jeu : gros succès pour la belote afghane qui rassemblait tout le monde !” Jeanne Rullaud.

Lorsqu’elle n’est pas déployée par nos équipes, les travailleurs sociaux du CAIR utilisent l’Ideas Box pour organiser par exemple des séances d’écriture de CV et de lettres de motivation. Les caméras de la bibliothèque leur servent notamment pour filmer des simulations d’entretiens d’embauche et encourager les futurs candidats à s’exprimer à l’oral et défendre leur parcours. 

“L’Ideas Box nous permet de compléter nos missions d’accompagnement vers l’insertion. Depuis six mois, on l’utilise dans tous les ateliers que l’on organise : recherche d’emploi, logement, citoyenneté, découverte de l’Histoire française. C’est un outil formidable et d’une très grande richesse !” Perrine Leclerc. 

L’accès à l’éducation et à la culture des réfugiés
doit être défendu sans condition