Depuis 2023, Bibliothèques Sans Frontières collabore avec le ministère sénégalais de l’Éducation pour améliorer l’accès à un enseignement de qualité dans la région rurale de Kédougou, l’une des plus enclavées du pays. Face au manque de ressources pédagogiques, le projet équipe 70 écoles d‘espaces d’apprentissage numériques, offrant aux enseignant·es et leurs élèves un accès facilité à des contenus éducatifs variés, même sans connexion Internet.
Des défis éducatifs majeurs
Le Sénégal est confronté à de profondes inégalités en matière d’accès à l’éducation, notamment dans ses zones rurales. La région de Kédougou, au sud-est du pays, illustre ces difficultés : éloignement des écoles, manque d’infrastructures, taux de décrochage scolaire élevé et accès limité à Internet. Dans une région où la jeunesse représente plus de la moitié de la population, l’accès à l’éducation et à l’emploi constitue un enjeu socioéconomique et politique crucial. Aujourd’hui, 50 % des jeunes des zones rurales sénégalaises ne sont ni en emploi, ni en éducation, ni en formation*, et seuls 27 % parviennent à terminer le cycle secondaire**.
Avec le ministère de l’Éducation sénégalais, BSF a créé 70 espaces d’apprentissage numériques – ou Digital Learning Hubs – dans autant d’écoles primaires de la région de Kédougou. Chacun de ces hubs est équipé d’une bibliothèque numérique Ideas Cube, qui fonctionne sans connexion Internet, et donne accès, via tablettes et ordinateurs, à des milliers de ressources pédagogiques. Adaptés aux programmes scolaires nationaux et disponibles en langues nationales, ces contenus incluent des vidéos, cours, exercices interactifs et jeux éducatifs.
En complément, 700 cartes SD Kajou ont été distribuées pour un accès individuel et mobile à ces ressources. Un programme de formation continue renforce aussi les compétences numériques des enseignant·es et les accompagne dans l’appropriation des outils, avec le soutien d’un assistant pédagogique doté d’intelligence artificielle.
« Ce dispositif joue un rôle clé dans l’amélioration des conditions d’apprentissage. Il compense non seulement le manque de manuels scolaires, mais enrichit aussi les supports pédagogiques à disposition des enseignant·es. Grâce à cela, la transmission des savoirs s’améliore, et les élèves développent une plus grande autonomie dans leur apprentissage. » Bara Kamara, responsable du projet chez BSF.
Une pédagogie enrichie par le numérique
L’intégration du numérique dans l’enseignement transforme aujourd’hui les pratiques des 500 enseignant·es concerné·es, en leur offrant une diversité de supports qui enrichissent la préparation des cours et facilitent la compréhension en classe. Preuve de cet engagement, 80 % des enseignant·es formé·es utilisent les ressources numériques au moins une fois par semaine, que ce soit en classe ou en dehors.
« Parfois, expliquer un concept prend beaucoup de temps en raison des barrières linguistiques et du faible niveau des élèves. Mais avec des images et des vidéos illustratives, la compréhension est beaucoup plus rapide. Par exemple, pour les activités sportives, j’ai projeté des jeux, et en moins de cinq minutes, les élèves ont assimilé les règles. Une fois sur le terrain, ils ont appliqué directement les consignes, alors qu’auparavant, il fallait tout détailler et multiplier les démonstrations. » Makily Gassama, directeur de l’école de Bantata.