Humanitaire - 27 mai 2016

Des cartes au service des réfugiés du camp de Grande-Synthe

A quelques kilomètres de Dunkerque, le camp de réfugiés de Grande-Synthe, aussi appelé « la Linière », est ouvert depuis mars 2016. Bibliothèques Sans Frontières y intervient pour donner accès à l’information et à l’éducation aux réfugiés, comme nous le faisons en Grèce.

La Linière est le premier camp construit aux normes humanitaires en France. Des acteurs variés y sont présents pour répondre aux besoins des résidents. Dans cet espace en mutation constante, comment s’y retrouver ? Les cartes sont une source d’information précieuse pour toutes les personnes vivant et travaillant sur le camp. C’est avec cette idée en tête que nous nous sommes associés à Mapfugees, collectif bénévole de cartographes, pour mettre en place un projet de cartographie participative. Le but ? Créer, en collaboration avec les réfugiés du camp, une carte détaillée et multilingue du camp et de ses environs pour améliorer l’accès à l’aide humanitaire et aux services, ainsi que la sécurité et le confort des résidents. Il s’agit non seulement de produire des cartes mais aussi d’impliquer les réfugiés à travers des ateliers de cartographie, afin de créer ensemble des cartes adaptées à leurs besoins.

Lors de ces activités de cartographie, nous rencontrons S., résident du camp. Kurde irakien vivant à la frontière syrienne, il a fui son pays d’origine pris entre deux feux avec d’un côté le conflit syrien à ses portes et de l’autre côté l’arrivée de l’Etat Islamique dans les villages voisins. D’Irak, il est passé en Turquie puis a entrepris la dangereuse traversée de la mer Egée pour arriver en Grèce.

« C’était très dangereux d’aller en Grèce. Parfois j’avais peur. Il y avait des familles. Des enfants venaient me voir pour que je les aide. Ils étaient seuls » nous raconte-t-il.

S. est ensuite passé par la Macédoine, la Serbie, la Hongrie, l’Autriche, l’Allemagne, la Belgique et enfin la France. C’était avant la fermeture de la route migratoire traversant les Balkans pour atteindre l’Europe. Cela fait plus de huit mois qu’il erre entre Calais et Dunkerque, tentant de passer en Angleterre.

« Ce n’est pas que je veux aller absolument en Angleterre. Mais c’est plus simple pour la langue et j’ai des amis là bas » se justifie-t-il. Avouant être fatigué de tenter cette traversée dangereuse toutes les nuits, il a décidé dernièrement d’arrêter un temps et de s’impliquer dans la vie du camp de la Linière.

Ancien travailleur humanitaire en Irak, il est aujourd’hui un bénévole très actif auprès des acteurs associatifs du camp.

« Qu’est ce que je pense de la cartographie ? C’est une bonne idée. C’est utile pour les réfugiés et les bénévoles » répond-il après avoir affiché les cartes finalisées dans l’un des point d’accueil du camp.

« Il nous a aidé dès notre premier jour dans le camp ! » s’est exclamée à son sujet Katja Ulbert, membre de Mapfugees. Johan Richer, autre membre de Mapfugees précise : « C’est utile à partir du moment où la cartographie est faite par les résidents eux-mêmes. On est plus là en soutien, que l’inverse. Ça permet aussi de les reconnecter à des pratiques de leur vie quotidienne, à stimuler des compétences délaissées sur les routes migratoires. Quelque part, ils retrouvent une forme de fierté à être actifs. »

Après cette expérience positive, nous continuons de nous investir à Grande-Synthe où nous envisageons le déploiement d’une Ideas Box pour faciliter l’accès à l’éducation, à l’information et à la culture des habitants du camp.

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