Humanitaire - 26 février 2016

Échapper à l’ennui à Eleonas

Depuis la fermeture de la frontière entre la Macédoine et la Grèce et le durcissement des politiques européennes de contrôle aux frontières, des centaines de réfugiés se trouvent refoulés aux frontières grecques et renvoyés vers Athènes.

Les différents camps sont surpeuplés. Et lorsque des familles ont la chance d’accéder à l’un des camps, elles passent de nombreuses nuits à même le sol, sous des tentes. Un grand nombre d’entre elles est obligé de passer plusieurs nuits dans la rue autour des squares Victoria et Omonia à Athènes. Le camp d’Eleonas a une capacité d’accueil de 680 personnes, et en héberge actuellement plus de 900. Des dizaines de personnes se présentent continuellement à l’entrée du camp, où le personnel, dépassé par la situation, tente de trouver des solutions. Ici, comme partout, ce sont les personnes en situation de vulnérabilité comme les familles ou même les personnes âgées qui sont prioritaires. Elles viennent ici chercher un peu de repos avant d’espérer reprendre la route, parfois en fauteuil roulant.

Bibliothèques Sans Frontières a installé une Ideas Box dans le camp d’Eleonas pour apporter éducation et information à ces personnes en précarité. L’espace où nous déployons l’Ideas Box a permis aux enfants de toutes origines de venir dessiner et jouer. Néanmoins, ces enfants réclament bien plus les tablettes que les crayons de couleurs ! Étrangement, ce sont les adultes qui se saisissent des crayons et des feutres pour dessiner leur village au Pakistan, une manière de faire le lien entre le passé, le présent et le futur (?) et de briser les frontières.

Ali-Abbas a 12 ans, il vient lui du Pakistan. Depuis plus d’un mois, il est coincé avec sa famille dans le camp d’Eleonas. L’ennui est l’activité quotidienne pour cet enfant. Lorsque nous avons déployé l’Ideas Box pour la première fois, Ali-Abbas, curieux, s’est installé toute l’après-midi autour des jeux et tablettes.

C’est en le voyant jouer avec son frère et ses camarades que l’on se souvient à quel point il nous semble indispensable de proposer, dans ces moments d’ennui et d’impatience, des activités permettant de s’échapper pendant quelques heures.