Que se passe-t-il dans les ateliers de conversation de la BPI Pompidou ? Beaucoup plus que de simples cours de français a répondu Bernhard Braunstein, le réalisateur du documentaire “Atelier de Conversation” sorti dans les salles ce mercredi 7 février. “L’accès à la parole” et à une forme d’échange inédite, nous a raconté Madhavi Jain, 26 ans, une des participantes aux ateliers et un personnage du film. Bibliothèques Sans Frontières, vous propose d’assister à une projection spéciale ce vendredi 9 février à 20h30, nous sommes partenaires et nous serions ravis de vous y retrouver.
Bibliothèques Sans Frontières : Comment avez-vous décidé de rejoindre l’atelier de conversation de la BPI Pompidou ?
Madhavi Jain : J’ai fréquenté la bibliothèque à mon arrivée à Paris. Je n’avais pas accès à internet et c’était devenu à la fois mon espace de travail et de connexion avec ma famille à Delhi (Inde) et mes amis. J’ai consulté les horaires un peu par hasard en consultant le site web et j’ai constaté que les horaires me convenaient. Je me suis dit que cela pouvait être utile.
BSF : Vous vouliez améliorer votre français ?
Madhavi Jain : Oui, c’était mon rêve de venir en France et même si j’avais déjà étudié le français et que j’étais assistante d’anglais dans deux lycées mais je n’étais pas assez confiante pour bien m’exprimer. Ce n’est pas la même chose que l’on apprend quand on étudie une langue. Il faut parler pour apprendre une certaine fluidité de la langue.
BSF : L’atelier vous a-t-il permis de prendre confiance ?
Madhavi Jain : Le déclic a eu lieu lors d’une session consacrée au mal du pays. L’atelier fonctionne par thème. Nous sommes une quinzaine de nationalités différentes et nous devons prendre la parole à tour de rôle. J’avais bien tenté des cours de théâtre dans une université auparavant mais cela n’avait pas marché. Là, nous avions accès à la parole simplement. La qualité du travail des animateurs y est pour beaucoup. Ils nous corrigeaient sans nous brusquer. Ils arrivaient aussi à nous faire parler dans une bonne ambiance. C’était assez détendu même si ce n’était pas facile. Je me souviens d’anecdotes concernant les problèmes de compréhension. On riait mais je pensais au fond de moi : “Moi c’est tous les jours que je ne comprends pas !
BSF : Le film de Bernhard Braustein donne-t-il une bonne idée de ce que vous avez vécu ?
Madhavi Jain : Oui, Bernhard Braustein a su saisir l’occasion pour partager cette belle expérience où des apprenants doivent montrer toutes leurs facettes pour apprendre. Par choix ou non, ils sont dans une situation où ils doivent apprendre une langue et échanger. Le film montre bien l’effort des apprenants. Il montre bien aussi que c’étaient des moments solidaires. J’ai passé des bons moments avec les participants dans l’atelier; certains se sont revus et sont devenus amis par la suite.
BSF : Que représente la bibliothèque, en général, pour vous aujourd’hui ?
Madhavi Jain : La bibliothèque pour moi c’est un lieu d’instruction où on a accès à divers moyens pour s’instruire. Pour cela il faut être motivé. Cela dit je pense qu’il y a de grandes différences entre les bibliothèques françaises et indiennes en termes d’effectifs par exemple, ou d’ouvrages, leur choix, la taille de la bibliothèque, etc. Dans les grandes bibliothèques il y a toujours des ouvrages dans diverses langues y compris la (les) langue(s) et donc cela peut servir à connaître la culture du pays d’accueil, à s’adapter et découvrir un nouveau monde. D’une part les étrangers peuvent avoir accès à la culture générale, à comprendre le fonctionnement des espaces publics et d’autre part s’instruire pour leurs parcours professionnels par exemple. Après l’atelier, la bibliothèque reste toujours un lieu de travail pour moi mais maintenant je prends plus d’intérêt aux événements et je surfe plus souvent encore sur leur site web pour obtenir un grand nombre d’informations.
BSF : Quels sont les livres en français qui vous ont marquée ?
Madhavi Jain : Le Petit Prince d’Antoine de Saint-Exupéry et Rhinocéros de Ionesco.