Le district de Cox’s Bazar au Bangladesh a vu l’arrivée de près d’un million de réfugiés rohingyas en 2017, une minorité musulmane discriminée au Myanmar depuis plusieurs décennies. La majorité de ces réfugiés se concentre aujourd’hui dans le camp de Kutupalong, une ville avec ses abris en bois et en bambou, où le taux d’alphabétisation n’atteint pas les 40%.
En février 2019, Bibliothèques Sans Frontières installera avec ses partenaires dix KoomBook et cinq Ideas Box dans le district de Cox’s Bazar : quatre dans les camps de réfugiés rohingyas, une autre auprès des populations hôtes alentours. En attendant leur arrivée, notre équipe met en place depuis plus d’un mois des ateliers pour les adolescents rohingyas. Gaëlle Riboulet, médiatrice culturelle au Bangladesh, nous raconte deux d’entre eux.
Au Myanmar, leurs villages ont été incendiés et rasés. Au Bangladesh, le gouvernement propose des solutions temporaires pour les héberger. Loin de la route principale du ‘mega camp’ de Kutupalong, 20 000 réfugiés rohingyas vivent depuis près de six mois dans le camp 20.
« Ce camp de “relocalisation” accueille principalement des familles, parfois séparées de leurs proches, qui ont été relogées pour cause de zones à risques dans les camps alentours – des inondations aux éboulements. Avant qu’elles n’arrivent, il a été aménagé pour l’occasion : on y trouve quelques services basiques. Ceux-ci sont voués à être développés pour leur offrir de meilleures conditions de vie. » explique Gaëlle.
Les enfants rohingyas – qui pour la plupart n’avaient pas le droit d’aller à l’école au Myanmar – ont la possibilité de participer à des activités d’éducation informelle, quelques heures par jour et jusqu’à l’âge de 13 ans. Faute de place, plus de la moitié d’entre eux n’y a toutefois pas accès.
Ne pouvant aller à l’école et n’ayant que très peu d’endroits où se retrouver et jouer, les adolescents s’ennuient. C’est pourquoi depuis plus d’un mois, des ateliers sont animés dans des centres pour enfants dans les camps, autour de l’accès à l’information et de l’expression individuelle et collective.
« Peu de structures concernent les jeunes de 14 à 20 ans. L’un des ateliers cible donc un public d’adolescents garçons. Nous les formons aux futurs outils de l’Ideas Box, comme l’utilisation de l’appareil photo et de la caméra vidéo, pour aller chercher de l’information dans leur camp et réaliser une carte interactive des différents services, pour qu’ils puissent s’approprier ce nouvel espace. Les informations sont regroupées sur une carte interactive, ensuite partagées avec la communauté.
En partant de leurs besoins, nous avons défini cinq secteurs de recherche : l’eau (où trouver de la bonne eau ? où sont les différentes sources ?), l’éducation (où peut-on apprendre ? dans quelle langue et pour qui ?), la nourriture, les toilettes et enfin les mosquées.”