En mai dernier, près de 5 000 livres sélectionnés par Bibliothèques Sans Frontières ont été envoyés à la bibliothèque de l’ENA, à Kinshasa en République Démocratique du Congo – venant s’ajouter aux 300 ouvrages donnés préalablement par l’Ambassade de France. Quelques mois plus tard, Lise et Adou ont formé cinq membres du personnel de la bibliothèque – de l’accueil au catalogage informatique – pour renforcer leurs compétences et transformer leurs pratiques. Rencontres.
Sollicitée par la Direction Générale de l’Ecole Nationale d’Administration de la République Démocratique du Congo, Bibliothèques Sans Frontières a été missionnée il y a trois ans pour moderniser leur bibliothèque, à Kinshasa. L’objectif de ce partenariat ? Enrichir le fonds documentaire, développer l’accès aux ressources et former son personnel en bibliothéconomie.
Lors d’une première mission de diagnostic il y a deux ans, Adou, bibliothécaire à l’ENS d’Abidjan, en Côte d’Ivoire, a rencontré les étudiants et les enseignants de la bibliothèque de l’ENA pour recueillir et identifier leurs besoins.
« Notre principal défi était évidemment d’avoir un fonds documentaire adapté. Sujets d’administration générale, de communication, de marketing et de gestion de marché… il était important que les différentes thématiques soient représentées mais surtout spécifiques au pays. Une partie de la sélection s’est faite au sein du centre de collecte de Bibliothèques Sans Frontières, à Epône. L’autre correspond à des achats de livres neufs, liés au contexte congolais. » explique Adou.
Un an plus tard, retour en RDC pour Adou, accompagné de Lise, responsable de la formation aux usagers à la bibliothèque universitaire d’Évry. Au programme : deux semaines de formation en bibliothéconomie ! L’occasion notamment d’interroger la représentation de la profession mais également la manière dont elle pourrait évoluer.
« En Afrique, la profession de bibliothécaire n’est pas forcément bien vue, ni valorisée, ni valorisante. Le bibliothécaire a l’image de quelqu’un de très passif, qui attend que les situations viennent à lui pour réagir. Bien que de plus en plus d’initiatives encouragent la communauté à fréquenter les bibliothèques, la tendance change bien trop lentement.
La formation des bibliothécaires en Afrique devrait être repensée car elle est encore trop classique : il faudrait ajouter de l’entrepreneuriat, de nouvelles pratiques dans la gestion des bibliothèques. En Côte d’Ivoire, il est par exemple impensable de grignoter dans une bibliothèque, de peur d’attirer quelques dérangeurs. Alors qu’en France, des distributeurs d’eau et de biscuits sont souvent à disposition. », poursuit Adou.