Projets - 20 juillet 2022

En Haute-Garonne, des “cafés numériques” pour lutter contre l’illectronisme

En France, 13 millions de personnes ne se sentent pas à l’aise avec les outils numériques – soit 17% de la population. Face à ce défi, Bibliothèques Sans Frontières a mis en place pendant plusieurs mois, avec le soutien de la Fondation FDJ, des ateliers numériques gratuits dans plusieurs cafés de Haute-Garonne. Chaque semaine, des salariés de Capgemini formés par BSF ont accompagné les publics de ces cafés pour renforcer leurs compétences informatiques, encourager leur autonomie et créer du lien social.

Retour sur « Les cafés numériques » avec Pauline Gadéa, coordinatrice du projet.

Le numérique s’impose aujourd’hui comme un enjeu clé en matière d’égalité des chances. Il permet notamment l’accès au droit, au développement personnel, à la sociabilité et à la culture. Depuis plus de deux ans, la crise sanitaire agit comme un révélateur de la fracture numérique existante, en particulier pour les populations les plus vulnérables en France : jeunes, personnes migrantes, publics en situation de handicap et seniors.

À l’heure où les démarches administratives et les rapports sociaux s’effectuent de plus en plus sur Internet, ne pas maîtriser les usages numériques et les outils informatiques a de nombreuses conséquences au quotidien. Les personnes âgées et précarisées risquent de perdre leur autonomie, de s’isoler et d’être exposées plus facilement à de fausses informations. Quant aux jeunes, les possibilités de cyberharcèlement peuvent être accrues et la recherche d’emploi plus laborieuse.

Avec l’épidémie de Covid-19, la région toulousaine a vu le nombre de personnes en situation d’illectronisme – c’est-à-dire se trouvant dans la difficulté, voire dans l’incapacité d’utiliser les outils numériques du quotidien – s’accroître. Pour répondre à ce constat, BSF a imaginé et expérimenté le programme “Les cafés numériques” de novembre 2021 à juin 2022 pour faciliter l’inclusion des habitants. Quatre établissements ont accueilli l’initiative : “Ô Cigalon” de Frouzins, “Le Braxéen” de Brax, “Le Commerce” de Saint-Lys et “La Chope Balmanaise” de Balma.

“Il nous était important d’aller directement là où les gens sont, là où ils sociabilisent, d’investir ce lieu atypique qu’est le café pour qu’il y ait le moins de barrières possible !” Pauline Gadéa, coordinatrice du projet “Les cafés numériques”.

Dans la lignée du programme Les Voyageurs du Numérique créé par BSF – qui consistait à former des aidants numériques – les ateliers proposés gratuitement dans les cafés ont été dispensés chaque semaine par des salariés de l’entreprise Capgemini, accompagnés tout au long du projet par BSF à la médiation.

“Comment enregistrer les photos de son téléphone sur un ordinateur ? Comment créer une conversation à plusieurs ? Doit-on accepter les cookies ? Si les gens viennent aux cafés avec des questions précises, le but est d’être capable de répondre à leurs demandes pour ensuite les aiguiller vers d’autres apprentissages comme reconnaître et éviter les emails frauduleux par exemple.

S’ils viennent en revanche sans demande précise, l’objectif est qu’ils se sentent à l’aise en leur posant des questions sur leurs usages et en proposant des activités thématiques pour qu’ils puissent exprimer leurs besoins et aient envie de poursuivre leur apprentissage, au café ou ailleurs.” Pauline Gadéa.

À la différence des cyber cafés, les cafés numériques créent – en plus de donner l’accès aux ordinateurs, aux tablettes et à une connexion Wifi – un espace convivial où les habitants peuvent discuter et apprendre dans une ambiance détendue.

“L’un des objectifs principaux de ce projet est de donner l’occasion aux habitants de se rencontrer ! Si les débuts ont été quelques peu difficiles, faute de participants, le bouche-à-oreille a rapidement fait son chemin et de plus en plus d’habitués revenaient, ramenaient un proche, pour passer du temps ensemble !” Pauline Gadéa.

Si les personnes seniors cherchaient le plus souvent à faire leurs démarches administratives, à s’inscrire pour faire du bénévolat dans des associations, à contacter leurs proches ou encore à jouer en ligne, certains plus jeunes – eux aussi concernés par la fracture numérique – poussaient les portes des cafés pour être accompagnés dans la recherche d’un stage ou d’un emploi.

“On a trop souvent tendance à penser que l’illectronisme ne concerne que les personnes âgées. Si elles représentent la plupart des usagers des “Cafés numériques”, quelques jeunes viennent aussi pour chercher des réponses à leurs problèmes administratifs, être aidés dans la rédaction d’un CV et faire des demandes d’emploi. Le public y est intergénérationnel !” Pauline Gadéa.

Au total, 160 personnes ont bénéficié des ateliers des Cafés numériques entre novembre 2021 et juin 2022. Face au succès de ce programme, BSF souhaiterait déployer ces ateliers à plus grande échelle.

Rédaction : Pauline Camps Vaquer

BSF renforce le pouvoir d’agir des populations vulnérables en leur facilitant l’accès à l’éducation, à la culture et à l’information. En France et dans plus de 30 pays, l’association crée des espaces culturels et éducatifs innovants qui permettent aux personnes touchées par les crises et la précarité de s’instruire, de se divertir, de créer du lien et de construire leur avenir.

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