Quand nous l’avions rencontré il y a deux ans, Nazar venait d’obtenir son titre de séjour en France pour une durée de dix ans. Après avoir fui les conflits au Soudan, il séjournait alors dans le centre d’hébergement d’urgence d’Ivry-sur-Seine, géré par l’association Aurore, où est installée depuis trois ans une Ideas Box, animée régulièrement par notre équipe.
Cet après-midi-là, le jeune soudanais de 27 ans cherchait sur une tablette le club de football le plus proche du centre-ville, pour s’inscrire et jouer en équipe dès la rentrée de septembre. Il nous racontait avoir quitté le Darfour en 2014 et vouloir apprendre le français pour pouvoir étudier. Deux ans plus tard, Nazar nous raconte son quotidien en France et comment l’Ideas Box a favorisé son intégration.
« J’ai commencé à vivre sans rêver. Ni d’une vraie vie, ni d’un éventuel futur. Je pensais seulement à travailler et à dormir. »
Au Soudan, Nazar étudiait pour être ingénieur. Originaire de la ville de Darfour, il fréquentait l’université de Khartoum, jusqu’en 2010 où il dut arrêter ses études. En cause notamment, la situation du pays et la violence entre les milices soutenues par le gouvernement et les mouvements rebelles. En 2014, pris au piège par le nombre de manifestations augmentant, il s’enfuit en Libye. Avant de prendre un bateau pour l’Italie.
« Je ne connaissais personne, je n’avais que mes empreintes digitales. Je ne savais pas comment partir et je n’avais pas d’argent. Finalement, j’ai rencontré des gens qui voulaient rejoindre la France ; je suis donc parti avec eux. »
Nazar s’est d’abord retrouvé quelque temps dans la jungle de Calais, avant de rejoindre la capitale où il trouva rapidement une chambre dans le centre d’hébergement d’urgence Pierre Semard à Ivry-Sur-Seine, hébergeant 250 migrants, réfugiés et demandeurs d’asile principalement afghans, soudanais et érythréens.
« Je ne parlais absolument pas le français. Au début, c’était très difficile, même les tâches quotidiennes. Très vite, j’ai commencé à suivre des cours de français pour pouvoir ensuite étudier le même sujet qu’à l’université au Soudan : l’ingénierie. Mais c’était bien trop compliqué dans une autre langue. »