Projets - 21 avril 2020

Confinement : nos actions en France !

En France, l’épidémie de Covid-19 souligne toujours plus les inégalités sociales. C’est pourquoi, face à cette crise sanitaire majeure, il est plus que jamais nécessaire de favoriser l’accès à l’information, à l’éducation et à la culture des populations les plus vulnérables.

Comment accéder à une information de qualité quand celle-ci est vitale, au sens le plus strict du terme ? Comment agir auprès des populations les plus isolées ? Quelles sont nos actions en France, en cette période de confinement ? Nous avons posé ces questions à Thomas Lebreuil, Directeur des opérations de Bibliothèques Sans Frontières, et à Léa Maris, coordinatrice de projets en France.

“Le confinement ne fait que renforcer les difficultés quotidiennes de certaines personnes. Je pense par exemple aux familles dans les centres d’hébergement d’urgence, aux migrants et aux réfugiés, aux détenus dans les prisons. Pour eux, la coupure avec l’extérieur peut être très violente en cette situation de crise. Peut-être plus encore que pour beaucoup de Français. Dans la mesure où les activités portées par les bénévoles pour donner des cours ou faire des sorties culturelles sont à l’arrêt, l’isolation se fait sentir de façon très forte.” explique Thomas, directeur des opérations de Bibliothèques Sans Frontières.

DES LIVRES DANS LES CENTRES D’HÉBERGEMENT ET LES PRISONS

Depuis un mois à Epône, l’équipe de notre centre de collecte de livres travaille chaque jour – dans le respect des règles d’hygiène – en alimentant et en mettant en ligne un catalogue de 20 000 livres à disposition de nos partenaires. L’association Aurore nous a par exemple sollicités pour créer une bibliothèque et proposer une offre culturelle à ses hébergés dans trois de ses centres parisiens. Le livre comme moyen d’évasion, l’occasion aussi de leur montrer qu’ils ne sont pas oubliés.

“En ce temps de crise, organiser les secours alimentaires et la distribution des aides est la priorité pour ces centres. Lorsque que l’organisation est plus ou moins rodée, d’autres questions se posent alors : la continuité pédagogique et l’accès à l’information. C’est là que nous intervenons.” poursuit Léa Maris, coordinatrice de projets en France.

Après avoir défini avec Bibliothèques Sans Frontières les besoins et les profils des hébergés, les équipes d’Aurore – bénévoles et professionnels – ont procédé à une sélection de livres pour chaque structure, principalement de la littérature jeunesse.

“Aucun des ouvrages envoyés n’a été sélectionné au hasard, ils sont toujours adaptés aux personnes qui en bénéficieront. L’analyse des besoins est une étape très importante dans tous les projets de BSF !” ajoute Thomas.

Dans notre centre de collecte de livres, à Épône

L’association Lire pour en sortir, qui intervient dans les prisons et favorise la réinsertion des détenus par la lecture, a aussi bénéficié de notre catalogue de livres pour créer des boîtes à lire dans les cours de promenade de la Prison de la Santé à Paris.

“En prison, le confinement est plus difficile encore car la plupart des activités sont arrêtées. Dans les cours de promenade, Lire pour en sortir a réussi à convaincre l’administration pénitentiaire d’y installer des boîtes à lire afin qu’ils puissent avoir accès à la lecture.

C’est une première en prison ! C’est motivant de voir que cette crise sanitaire permet à ce type d’initiatives de se mettre en place.” souligne Léa.

Mille ouvrages ont alors été sélectionnés et envoyés, notamment de la littérature, de la bande dessinée et des documentaires.

DU TUTORAT POUR LES ENFANTS DES FAMILLES LES PLUS VULNÉRABLES

Depuis un mois, nous sélectionnons et créons des contenus pour aider chacun à mieux vivre le confinement et continuer d’apprendre à la maison. Chaque jour sur notre page Facebook, Muy-Cheng Peich, Directrice de l’Éducation de Bibliothèques Sans Frontières reçoit en direct un invité – professeur, chercheur ou ami de l’association – pour proposer des activités culturelles et pédagogiques pour les parents et enseignants, autour d’un sujet d’actualité. Beaucoup de programmes et de ressources numériques sont également disponibles et mises en place par les chaînes de télévision, les bibliothèques et les musées.

Mais du fait du manque d’informations, d’équipements numériques ou de mauvaises connexions Internet, l’accès en est souvent très difficile pour les familles vivant en structures d’accueil, centres d’hébergement et hôtels sociaux. De nombreuses inégalités se créent alors.

“Certains parents ne sont pas en capacité d’accompagner leurs enfants. Il faut par exemple garder les plus jeunes ou suivre l’évolution des démarches administratives. Parfois aussi, le niveau en français ou la maîtrise du numérique ne sont pas suffisants pour assurer un suivi des devoirs.” explique Léa.

Plusieurs acteurs – comme le Samusocial de Paris – soulignent deux principales difficultés en cette période de confinement : l’enjeu de connexion aux ressources et l’enjeu d’accompagnement. C’est pourquoi nous travaillons également à monter un système de tutorat et d’éducation à distance pour les enfants des familles les plus vulnérables. L’objectif étant d’assurer une continuité pédagogique nécessaire, sans pour autant suppléer l’Education Nationale.

“Le premier enjeu est bien sûr d’identifier les enfants qui bénéficieront de cet accompagnement, en lien avec nos partenaires, de les mettre en relation avec des tuteurs, d’assurer l’organisation concrète des rendez-vous – par visio ou par téléphone – à raison d’une ou deux fois par semaine. Mais il n’est pas évident d’accompagner un enfant à distance et il faut évidemment penser l’accompagnement des tuteurs.”, explique Thomas.

“Nous aimerions créer un dispositif de tutorat qui s’appuierait sur un webinaire hebdomadaire à destination de tuteurs et de tutrices volontaires, afin de leur apporter des astuces pour accompagner ces enfants et faire l’école à la maison, leur donner des idées de contenus et de ressources éducatives et culturelles pouvant être utilisées pour assurer la continuité pédagogique. Nous souhaiterions par ailleurs établir un suivi individualisé, afin d’échanger sur les difficultés rencontrées par chacun d’eux et les nouveaux besoins identifiés.” ajoute Léa.

Dans un centre d’hébergement d’urgence d’Aurore, avant le confinement

À L’INTERNATIONAL

Enfin, nos équipes internationales sont, elles aussi, très mobilisées. Aux Etats-Unis, nous ouvrons par exemple des accès à Internet sur les parkings des laveries automatiques. Au Bangladesh, nous travaillons avec l’Organisation Internationale pour les Migrations (IOM) sur la prévention du Covid-19 dans les camps de réfugiés rohingyas et de nombreux contenus de prévention contre le virus vont être prochainement mis à disposition de toutes nos équipes sur le terrain.

Au Burundi, l’un des rares pays dans le monde où les habitants ne sont pas confinés, des mesures d’hygiène et de protection ont été mises en place au sein de nos projets. Avec l’association Giriyuja, nous avons organisé des séances de prévention et de sensibilisation sur le Covid-19 auprès des enfants des rues. Des ateliers de théâtre, de slam et de dessins ont été mis en place au sein de l’Ideas Box de Buterere, dans le quartier périphérique de Bujumbura.

Pour en savoir plus sur nos actions à l’international, c’est par !

Un texte de Preamoney Tan

Face à la crise du coronavirus Covid-19, nos équipes sont mobilisées chaque jour auprès des populations les plus vulnérables plus que jamais fragilisées voire isolées – sans-abri, mineurs isolés, familles dans les centres d’hébergement d’urgence, migrants et réfugiés. Nous sommes convaincus que l’accès à l’information et à la prévention santé joue un rôle essentiel en cette période de confinement. 

Plus que jamais, votre soutien est essentiel.

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