Thomas Lebreuil, Directeur des Opérations de Bibliothèques Sans Frontières depuis cet été, revient sur son parcours professionnel, son année et ses envies au sein de l’organisation, entre deux voyages.
DES RUINES INCAS À EMMAÜS CONNECT
Après deux ans de classe préparatoire au Lycée de Fermat à Toulouse, ville où il a grandi, Thomas entre à l’école de commerce HEC Paris en 2005. En stage de première année, une mission humanitaire l’emmène au Pérou, où il aide – déjà – à la mise en place d’une bibliothèque :
« A Andamarca, un café concentrait la plupart des activités sociales et culturelles de ce village au milieu des Andes. Avec un ami, nous avons amené et installé des livres et travaillé avec les habitants pour en faire une vraie bibliothèque. Pas loin, il y avait des ruines Incas. Ici et là, pas mal d’objets sortis de ces ruines étaient entassés dans des cartons. Grâce au maire du village, nous avons récupéré un local, fait construire des vitrines et installé un petit musée. »
Dans le cadre de son année de césure, entre la deuxième et la troisième année, il part à l’étranger. D’abord à Dublin pour une mission de conseil auprès des entreprises, puis au Centre culturel français d’Helsinki. Trois mois respectivement. Enfin, il décolle direction le Brésil pour être assistant à la gérance générale d’une structure hôtelière promouvant un tourisme durable, à Picinguaba. De retour en France, après en avoir profité pour voyager un peu en Amérique du Sud, il choisit en troisième année la majeure « Alternative management », spécialité en lien avec l’ESS suivie par quelques 20 étudiant.e.s de sa promotion. Quelques cours théoriques sur la critique du capitalisme plus tard, un diplôme obtenu et un chapeau lancé, il démarre très rapidement comme Responsable des opérations au sein de la start-up Synthésio, travaillant sur la réputation en ligne des organisations :
« C’était une petite boîte dynamique. Au début, nous étions seulement quatre. Ils m’ont laissé prendre la main très vite, constituer mon équipe, recruter et manager. Aujourd’hui, ils doivent être environ 150, avec des bureaux aux Etats-Unis et en Asie. C’était une expérience très formatrice et professionnellement riche, je suis resté deux années. »
Un départ motivé par un besoin de plus de sens, mais aussi par l’envie de voyager, au long cours.
« Je voulais partir longtemps, en sac à dos. En Afrique et en Asie surtout, principalement en solo. J’ai eu le temps, durant les centaines d’heures de bus, pour réfléchir à ce que je voulais faire une fois rentré. J’avais dessiné l’itinéraire des quatre premiers mois, de la Tanzanie jusqu’en Egypte, et je suis finalement parti une dizaine de mois. »
De retour en France, « c’est très clair » : Thomas veut maintenant travailler dans le monde associatif ou l’ESS, qu’il connait peu. Après un petit temps de recherche, il entre au sein d’Emmaüs Défi, une des multiples associations du mouvement Emmaüs.
« En plus d’une activité classique – revente de meubles ou de vêtements – Emmaüs Défi avait une vocation d’incubateur et voulait lancer de nouveaux projets. Dès mon arrivée, j’ai travaillé sur le projet de Téléphonie Solidaire, qui avait pour objectif l’accès aux télécommunications des personnes en situation de précarité. Nous avions un point d’accueil, à Paris : on distribuait des offres de téléphonie solidaires, à tarif préférentiel, directement au public. Quand je les ai rejoints, nous étions quatre à travailler sur ce projet. »
La Téléphonie Solidaire prend progressivement de plus en plus de place au sein d’Emmaüs Défi, il est donc décidé de créer une autre association pour porter cette mission : Emmaüs Connect. Avec Thomas comme Directeur des Opérations.
« Petit à petit, nous avons abordé les questions de conseil, d’usage et de formation. Tou.te.s nos conseillers.ères et vendeurs.ses étaient des salarié.e.s en insertion et mon rôle était dans un premier temps d’encadrer l’équipe parisienne. Du fait du développement de l’association, j’ai ensuite travaillé sur l’essaimage en France de l’activité. Nous avons d’abord ouvert plusieurs points d’accueil en région parisienne. Puis à Grenoble, à Lyon, à Marseille, à Lille. Quand je suis parti, nous étions 80 ! »
Fin 2015, après près de quatre années, il finit par quitter Emmaüs Connect – ou presque, puisqu’il est désormais membre de son Conseil d’Administration. Il en profite – bien évidemment – pour voyager un peu, pour prendre le temps « de couper et de lire ». C’est de retour en France, alors qu’il vient tout juste de se replonger dans la recherche d’emploi, qu’il tombe sur le site internet de BSF :
« Je connaissais très peu BSF. Pour moi, c’était une petite structure dont les actions se situaient essentiellement en France. Fondamentalement, l’accès à l’éducation et à la culture me parlait particulièrement. En parcourant le site de BSF, j’avais l’impression de voir beaucoup de développement, beaucoup de sujets et beaucoup d’envies qui me correspondaient ! »