Depuis février 2017, le centre d’hébergement d’urgence Ivry-Masséna, géré par l’association Aurore depuis deux ans, accueille une Ideas Box, notre médiathèque en kit. Chaque semaine, près de 250 migrants, réfugiés et demandeurs d’asile principalement afghans, soudanais et érythréens peuvent en profiter. Susie Naval et Thomas Rosenthal, tous deux chargés d’appui au déploiement et à l’animation de l’Ideas Box au centre d’hébergement, ainsi qu’Ayman reviennent sur les premiers mois de l’Ideas Box et son utilisation par les usagers.
Apprentissage du français et intégration
Cet après-midi d’avril, ils sont un peu plus d’une dizaine dans la salle autour des différents modules de l’Ideas Box. Sur la verte, deux Afghans s’affrontent au Puissance 4, sur l’orange, trois Soudanais jouent aux dominos et quelques autres parcourent les cartes géographiques des atlas pour se montrer leur parcours et pays d’origine. Ayman, lui, cherche sur une tablette le club de football le plus proche du centre, pour pouvoir s’inscrire et jouer en équipe dès la rentrée de septembre :
« Au Soudan, j’avais un très bon niveau. Je jouais dans la ligue soudanaise de football. Mais la situation du pays se dégradait de plus en plus, je voulais un meilleur avenir, je suis donc parti. »
Le jeune homme a quitté le Darfour à l’âge de 24 ans, il en a maintenant trois de plus. Ce n’est que récemment qu’il a obtenu son titre de séjour en France pour une durée de dix ans.
« Avant, je voulais être ingénieur. Aujourd’hui, je ne sais plus vraiment. Je ne pense pas reprendre mes études, je me trouve trop vieux, je dois plutôt trouver un travail pour gagner de l’argent. Mais avant tout, je dois apprendre le français pour m’intégrer. J’ai des cours presque tous les jours, je progresse beaucoup. Avec l’Ideas Box, j’apprends beaucoup également, c’est moins scolaire et plus marrant. »
Pour Thomas, l’Ideas Box est pensée comme un moyen de rendre moins pénible l’expérience de la migration des résidents du centre d’hébergement d’urgence :
« L’Ideas Box est un vecteur d’informations. Au-delà des simples activités récréatives comme la conception d’un jeu d’échec en pâte fimo ou la mise en place d’un atelier de sérigraphie, notre travail consiste également à programmer en amont des activités adaptées au public, à les accompagner et les aider à penser la suite. »
Avec l’aide des services civiques d’Unis-Cité de l’association Aurore, Susie et Thomas ont ainsi progressivement proposé davantage d’activités pédagogiques. Notamment autour de la culture et de la langue françaises, comme la question des élections ou des droits des femmes.