Projets - 21 septembre 2023

Burundi : la réintégration des rapatrié·e·s, une priorité nationale

Dans la commune de Mishiha, à l’est du Burundi, Bibliothèques Sans Frontières et ses partenaires contribuent à la réintégration des rapatrié·e·s burundais·e·s, encouragée depuis quelques années par le gouvernement. Grâce au déploiement d’une Ideas Box, ces dernier·e·s – ainsi que les communautés hôtes – ont accès à des milliers d’informations pédagogiques et de ressources sur l’entrepreneuriat afin de réapprendre à vivre dans un pays qu’ils ont été contraint·e·s de fuir en raison des troubles socio-économiques et politiques.

Après les évènements de 2015, plus de 500 000 Burundais·e·s ont fui leur quotidien vers les pays voisins, principalement en Tanzanie et au Rwanda. Aujourd’hui, depuis l’apaisement des tensions, les autorités nationales, organisations internationales et ONG se mobilisent pour faciliter leur rapatriement progressif. Après des années d’exil, le retour au pays est loin d’être évident, souvent synonyme de doute et de déception ; la plupart d’entre eux dépendent aujourd’hui de l’aide humanitaire.

“Le processus de rapatriement peut être complexe, c’est souvent un long parcours. Les rapatrié·e·s, extrêmement précaires, sont confronté·e·s à des difficultés pour retrouver leurs terres ou leur logement. Ils ont besoin de soutien pour se réintégrer, reconstruire leur vie dans un nouvel environnement.” Cédric Irakoze, responsable des programmes “Éducation” de BSF au Burundi.

Dans la province Cankuzo à la frontière tanzanienne, la commune de Mishiha accueille l’un des plus grands nombres de rapatrié·e·s, attiré·e·s par la disponibilité des sols.

“Au Burundi, le travail de la terre représente la principale source de revenu des habitant·e·s. Il leur assure une stabilité financière et un sentiment d’appartenance au sein de leur communauté. Mishiha est aujourd’hui le premier point d’entrée des rapatrié·e·s : dès leur arrivée, le gouvernement leur attribue une terre cultivable pour qu’ils puissent rapidement subvenir à leurs besoins.” Cédric Irakoze.

Dans ce contexte, BSF déploie depuis le printemps 2023 une Ideas Box dans le “centre jeunes” de Mishiha, avec le soutien du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) et de la Coopération Suisse. Chaque jour, notre médiathèque en kit accueille une cinquantaine d’enfants et adolescent·e·s – non-scolarisé·e·s pour la plupart – et leur propose des activités autour des jeux de société, des ordinateurs, des livres et bandes dessinées sélectionnés par nos équipes en français et en kirundi. Malgré les difficultés du quotidien et la barrière de la langue, les jeunes retrouvent ainsi le goût d’apprendre en s’amusant.

“En Tanzanie, d’où vient la majorité des rapatrié·e·s, les cours sont dispensés en anglais. Naturellement, ces enfants se sont donc éloigné·e·s de la langue française qui est la langue officielle du système éducatif burundais avec le kirundi. De retour au pays, beaucoup perdent ainsi le fil et ne retournent pas à l’école. L’Ideas Box est un tremplin pour eux : de nombreux professeur·e·s bénévoles utilisent par exemple les contenus de la bibliothèque pour animer des ateliers de français, de mathématiques ou de sciences, et leur donner envie de retourner à l’école.” Cédric Irakoze. 

De nombreux adultes – rapatrié·e·s et habitant·e·s curieux – fréquentent également l’Ideas Box afin de profiter des ressources sélectionnées par BSF dans le cadre de son programme d’appui à l’entrepreneuriat social. Ils peuvent ainsi acquérir de nouvelles connaissances et compétences professionnelles pour développer ou créer leur propre activité.

“Quand ils n’existent pas ou peu, de nouveaux contenus sont créés – notamment en kirundi – par nos équipes et partenaires spécialisés pour enrichir le fonds documentaire de l’Ideas Box et répondre le mieux possible aux besoins du terrain : soudure, élevage, fabrication de savon, agriculture, apiculture, etc.” Cédric Irakoze.

Lieu d’apprentissage donc, mais également lieu de rencontres : en quelques mois seulement, l’Ideas Box est devenue le point de rendez-vous incontournable pour les nouveaux·elles venu·e·s et habitant·e·s de Mishiha qui s’y rejoignent pour échanger et s’entraider.

“Ce nouvel espace culturel joue aujourd’hui un rôle clé dans la réintégration des rapatrié·e·s. Des liens s’y nouent, des amitiés naissent. Ces échanges sont une première étape essentielle pour les aider à reprendre confiance et à se projeter à nouveau dans l’avenir.” Cédric Irakoze.

Au total, près de 1 000 personnes ont bénéficié de l’Ideas Box de Mishiha.

Bibliothèques Sans Frontières renforce le pouvoir d’agir des populations vulnérables en facilitant leur accès à l’éducation, à la culture et à l’information. En France et dans plus de 30 pays, l’association crée des lieux de vie et de refuge innovants qui permettent aux personnes touchées par les crises et la précarité de s’instruire, de se divertir, de créer du lien et de construire leur avenir.