À Maroua dans l’extrême-nord du Cameroun, deux tricycles-bibliothèques sillonnent les routes pour lutter contre l’obscurantisme dans les zones où sévit depuis 2014 le mouvement terroriste Boko Haram. Porté par BSF et l’association locale Lire au Sahel, ce projet – appelé Moota Andal – permet aux habitants d’accéder facilement et gratuitement aux livres, dans une région marquée par les conflits réguliers. Rencontre avec David Wanedam, président de Lire au Sahel.
Le Groupe sunnite pour la prédication et le djihad, surnommé Boko Haram, qui signifie « l’éducation occidentale est un péché » en haoussa, n’a pas toujours été un groupe terroriste. Fondé au Nigéria par le prédicateur Mohammed Yusuf en 2002, il s’agit au départ d’une secte religieuse qui prône un islam radical et rigoriste. Mais au fil des années, le mouvement prend les armes et sème la terreur dans le pays et chez ses voisins au Cameroun, au Niger et au Tchad. Depuis 2009, le mouvement est à l’origine de nombreux massacres, attentats et enlèvements. Près de 30 000 personnes sont mortes, 2,6 millions ont été déplacées.
Au Cameroun, c’est dans la région de Maroua, dans l’extrême-nord du pays, que Boko Haram sévit depuis plusieurs années. Dans le chef-lieu d’un million d’habitants, il ne reste plus aucune bibliothèque publique et une seule librairie résiste encore – on y trouve principalement des livres scolaires et académiques. La région enregistre un taux d’analphabétisme record : plus d’un jeune sur quatre ne sait ni lire ni écrire.