Projets - 10 avril 2024

Soutenir les survivant·e·s de violences sexuelles dans les zones de guerre

“Les violences sexuelles sont une menace pour le droit de chaque individu
à une vie digne, pour la paix et la sécurité collectives de l’humanité.”
António Guterres.

“Les violences sexuelles ont été utilisées dans tous les conflits,
comme tactiques de guerre.”
Pramila Patten.

En janvier 2024, Bibliothèques Sans Frontières et l’Institut de la Paix et du Développement de l’Université Côte d’Azur ont organisé, à Nice, un colloque international consacré à la lutte contre les violences sexuelles liées aux conflits. Dans la continuité du partenariat noué en 2022 entre BSF et les Nations Unies, la Représentante spéciale du Secrétaire général des Nations Unies chargée de cette question, Pramila Patten, a fait le déplacement en France pour l’occasion.

Pendant deux jours, une cinquantaine d’expert·e·s académiques, institutionnels ou encore associatifs de premier plan s’est ainsi réunie afin de partager leurs expériences et leurs ressources, mais aussi d’envisager ensemble des solutions visant à prévenir et mettre fin à ce fléau.

Les violences sexuelles liées aux conflits (VSLC) désignent toute forme de violence sexuelle grave perpétrée contre une personne en lien direct ou indirect avec un conflit. Ce crime ancien porte atteinte à la dignité, à la sécurité et à la liberté des individus dans les régions en guerre ou qui se remettent d’un conflit.

S’agissant très souvent d’un crime basé sur le genre, ce type de violence concerne de manière disproportionnée les femmes et les filles, les exposant à de graves traumatismes physiques et psychologiques. Il est donc urgent d’agir au niveau mondial pour soutenir les survivant·e·s et prévenir de futurs risques.

2 455

cas de VSLC en 2022 (ONU)

1/3

des victimes de VSLC sont des enfants (ONU)

94%

de cas de VSLC concernent les femmes et les filles (ONU)

Axé sur cinq thématiques, le colloque de Nice a mis en lumière l’état actuel de la recherche, les expérimentations menées à l’international, les cadres juridiques et politiques, l’accès à la justice et aux réparations, ainsi que les stratégies de prévention et de sensibilisation.

Il en est bien sûr ressorti l’importance de placer les survivant·e·s au cœur de l’action mais aussi la nécessaire autonomisation des acteurs·rices locaux·ales qui manquent bien souvent d’informations. Par exemple, inclure les survivant·e·s dans les décisions concernant leurs soins médicaux et psychosociaux est essentiel pour faire face aux conséquences des VSLC.

Le colloque a également mis en évidence plusieurs obstacles à des amélioration significatives et durables : l’un des principaux réside dans le fait que les organisations travaillent souvent “en silo” malgré des objectifs communs. Pour mieux lutter contre les VSLC, il est donc essentiel de mieux coordonner les actions afin d’en maximiser l’impact. 
 
À cette fin, un réseau d’expert·e·s a été créé à l’issue de cette rencontre afin de capitaliser sur le travail effectué. Il vise notamment à renforcer les cadres juridiques pour prévenir les VSLC et punir leurs auteurs·rices, tout en favorisant une meilleure coordination entre les acteurs étatiques et de la société civile.

Notre action

Fidèle à son mandat de faire de l’accès à la connaissance un outil de reconstruction et d’émancipation, BSF met ainsi son expertise à la disposition des acteurs·rices sur le terrain qui travaillent sans relâche sur les trois piliers de la prévention : la sensibilisation, la lutte contre la cause profonde de l’inégalité des sexes et la responsabilisation des acteurs·rices internationaux·ales et étatiques.

En Ukraine par exemple, avec le soutien du Fonds L’Oréal pour les femmes et du Centre de crise et de soutien du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères, nous travaillons dans des centres d’aide aux survivant·e·s afin de créer des bibliothèques Ideas Box réservées aux femmes, contribuer à leur bien-être, leur reconstruction et leur réinsertion.

Au Nigéria, nous expérimentons l’application Backup, une solution numérique innovante créée par notre partenaire We Are Not Weapons of War. Grâce aux bibliothèques numériques Ideas Cube de BSF, les victimes de violences sexuelles pourront prochainement produire et documenter des preuves de crimes, obtenir des informations sur la prévention sans nécessiter de connexion internet : droits légaux, soutien psychosocial, etc.

En République Démocratique du Congo, BSF déploie un Ideas Cube et une bibliothèque d’un millier de livres pour contribuer à la reconstruction des femmes et des enfants victimes de violences sexuelles et psychologiques hébergés au sein de la Maison Dorcas de la Fondation Panzi. Chaque jour, des médiateurs.rices s’appuient sur les ressources sélectionnées sur-mesure par nos équipes pour enrichir leurs activités socio-éducatives autour de nombreuses thématiques comme l’égalité de genre, l’entrepreneuriat ou les droits de l’enfant en vue de faciliter la réinsertion de leurs publics.

***

Merci à nos partenaires et aux organisations intervenantes d’avoir contribué au succès de cet événement : l’Institut de la Paix et du Développement de l’Université Côte d’Azur, les Nations Unies, le ministère de l’Europe et des Affaires Etrangères, la Croix-Rouge française, l’Institut International pour La Justice et l’Etat de Droit, l’Institut international de droit humanitaire, l’Institut universitaire européen, la Fondation Max Planck, la Fondation Dr. Denis Mukwege, IMPACT, We Are NOT Weapons Of War, l’ANR-Violences Sexuelles & Enfance en Guerre, la Cour Pénale Internationale, le Centre international de droit humanitaire Diakonia, l’Université de Versailles-Saint-Quentin-Paris-Saclay, l’Université Paris-Assas, l’Université de Lille et l’association des femmes juristes du Congo !

Bibliothèques Sans Frontières facilite l’accès de toutes et tous à la connaissance. En France et dans plus de 30 pays, l’association crée des espaces culturels et éducatifs innovants qui permettent aux personnes touchées par les crises et la précarité d’apprendre, de se divertir, de créer du lien et de construire leur avenir.

À LIRE AUSSI

Dix mois d’action pour l’Ukraine

Projets - 27 janvier 2023

Guerre en Ukraine : agir dans la durée !

Projets - 21 mars 2024